La France est aujourd'hui la nation la plus pessimiste du monde. Toutes les enquêtes, toutes les études, tous les sondages convergent là-dessus. Les Français croient plus que les autres peuples que le pire est devant eux, que la crise va s'accentuer, que l'avenir sera noir, que les générations futures vivront plus mal que les précédentes, que le déclin est inéluctable, que la «Grande Nation» comme on surnommait la France au XVIIIe siècle avec un mélange d'admiration et d'ironie ne cesse de s'enfoncer, de s'effacer. Les Gaulois sont persuadés que cette fois-ci le ciel leur est vraiment tombé sur la tête. Les voilà devenus déclinistes, dépressifs. Ce n'est plus de la mélancolie, c'est du découragement, parfois du désespoir. On dira qu'après quarante ans de crise, avec un taux de chômage record ce mois-ci, avec une pauvreté qui gagne, avec une précarité qui ronge la société, avec une violence affleurant, il est difficile d'être optimiste ou de rester confiant.
Certes, mais la question n’est pas de savoir si les Français ont raison d’être anxieux - ils ont raison - mais pourquoi ils le sont plus que les autres peuples, davantage que des nations crucifiées par des guerres civiles, plongées dans la misère, ravagées par les crises financières ou par les stigmates du sous-développement. Comment la France qui reste, malgré les malheurs et les souffrances du dernier demi-siècle, l’une des nations les plus privilégiées au monde, l’une des mieux protégées socialement, comment