C'est au micro de RTL, un triste matin de juin, qu'Alain Duhamel annonça l'inconcevable nouvelle : à la rentrée, il ne présenterait plus sa chronique matinale de RTL. Elle serait transférée vers la tranche du soir. Dans les lueurs crépusculaires, il fallut digérer le coup de tonnerre : les matins des auditeurs de RTL seraient désormais veufs d'Alain Duhamel. Ce ne serait resté qu'une information interne à une radio privée, n'était l'explication que livra Duhamel lui-même, au micro de son camarade Yves Calvi. «Je vais vous dire les choses comme elles sont. L'affaire DSK, ça m'a atteint. L'affaire Cahuzac, ça m'a littéralement écœuré. Ça fait cinquante ans que je m'occupe de politique, que j'essaie de comprendre la politique, d'expliquer la politique, de justifier la politique, d'essayer de lui conserver un certain statut dans l'esprit des gens.» Calvi, effaré : «Ça veut dire que la politique n'est plus justifiable ?» «Bien sûr que si. D'abord, elle est irremplaçable. Elle est plus importante que jamais au moment où elle a moins de moyens que jamais.»
Etrange instant. Tout vacillait. Abandonnée par Duhamel, la Politique pourrait-elle seulement continuer sa route ? On l'imaginait, terrassée par la douleur, s'accrochant au bas du pantalon de l'éditorialiste matinal, et le suppliant : «Ne me quitte pas, Alain ! Je sais que je suis désormais une pauvresse, mais je remonterai la pente. Je me rachèterai. Je t'offrirai des perles de pluie venues de pays