«J’ai pensé qu’il n’était pas efficace de me démasquer trop brutalement pour certaines idées que j’avais envie de faire passer. J’ai recherché cette espèce de masque d’Arlequin apparemment inoffensif, mais qui dit des choses graves en riant. Ça me paraissait être ma limite pendant longtemps, et c’était volontaire. Craquer trop tôt, c’était une façon de me réduire au silence parce que j’aurais été repéré "gauchiste, communiste, rouge" […], il n’y a pas de nuance. Je n’ai donc pas fait une étude de marché avant de faire ce que j’ai fait, mais j’y trouve une vérité, un équilibre.
«Je suis plus costaud maintenant parce que trop connu pour qu'on me bâillonne complètement ; c'est en cela que je suis peut-être plus utile… Peut-être. Je reste quand même un produit de consommation : les éditeurs m'éditent, Eddie Barclay se fout que j'écrive des conneries sur lui s'il y a un public pour m'acheter. Le public me demande, la télé aussi. Ils sont assez contents de faire venir l'énergumène de service, et c'est en cela aussi que je risque d'être un alibi : "Vous voyez comme nous sommes libéraux puisqu'on laisse parler ce type-là." Mais comme je le dis à l'intérieur du truc, je les baise quand même. Et ça implique aussi de me remettre en question et de voir si je ne fais pas un numéro. Je le fais toujours plus ou moins parce que c'est une seconde nature. Je ne peux ressembler à un autre type que moi.
«Ce n'est rien d'héroïque de faire ce que je fais, je ne vais pas forcément dans ces