Même le défilé du 14 Juillet n’est plus tout à fait ce qu’il était. Sur les Champs-Elysées, dimanche, il y aura un tiers de véhicules motorisés et 10 % d’aéronefs (avions et hélicoptères) en moins, économies obligent. Le public pourra tout de même assister au premier vol de l’A400M, l’avion de transport tactique attendu par l’armée française depuis des années, et applaudir des unités ayant participé à l’opération Serval au Mali. Comme chaque année, la nation célèbre en grande pompe ses armées. Mais il n’est sûr que cela suffise à mettre du baume au cœur de la troupe, au bord de la déprime. Un vrai paradoxe alors que la réussite de l’intervention au Mali contre les groupes jihadistes a été saluée unanimement par les responsables politiques.
«Cela fait trente ans que je suis militaire, et je n'ai jamais connu un climat aussi délétère», confie un haut gradé. Ex-directeur de l'Ecole de guerre, Vincent Desportes lui fait écho : «C'est une très belle armée qui va défiler dimanche sur les Champs-Elysées, mais une armée qui n'a plus le moral. C'est bien plus grave qu'une force sans fusil !» Ces dernières semaines, des signes ont témoigné d'une exacerbation des esprits. Le 21 juin, une «véritable bronca», selon un participant, a eu lieu contre les représentants du ministère de la Défense lors d'une réunion du Conseil supérieur de la fonction militaire, une instance de concertation sociale. En jeu, la suppression envisagée d'une petite prime liée à la gestion