«Chtéphane, avez-vous la lichte des invités ? - Oui Sire, la voilà. - Nos parents d'Echpagne ne viennent pas ? - Non Sire, le duc d'Anjou revendique toujours le trône de France. Il vit à Madrid, et Juan Carlos, lui aussi descendant de la branche espagnole de la maison capétienne de Bourbon, ne veut pas se fâcher avec son cousin. - Bien, bien. Nous nous en pacherons. Tous les autres cheront présents. - Tout le gotha européen. Ce sera une merveilleuse cérémonie, une belle Saint-Valéry, la trente-deuxième de votre règne», renchérit Stéphane Bern, Grand Chambellan de la Cour, en présentant le document calligraphié.
Immortel. Valéry Giscard d'Estaing esquisse un léger sourire et laisse errer son regard sur les parterres de Le Nôtre qui commencent à fleurir en ce début d'été 2013 dans les jardins de Versailles. Trente-deux ans… Trente-deux ans pendant lesquels la France a vu se succéder pas moins de quinze chefs de gouvernement. Mais lui, Valéry René Marie Georges Giscard d'Estaing, roi des Français depuis le 10 mai 1981, est toujours là, à 87 ans. Royal. Presque immortel… «Ch'est une belle réussite, tout de même, n'ech pas, Chtéphane ? - Oui Sire.»
Et pourtant, trois décennies plus tôt, à la fin de son mandat présidentiel, nul n'aurait imaginé ce scénario incroyable : le retour de la monarchie, ratifié lors d'un référendum où le «oui» l'avait emporté de justesse au terme d'une campagne passionnée. En ce début des années 80, après plus de six ans d