Féru d’histoire, journaliste et chroniqueur politique depuis cinquante ans, Alain Duhamel a suivi toute la carrière de VGE.
Valéry Giscard d’Estaing aurait-il été un bon souverain ?
Je pense qu’il aurait été un excellent monarque constitutionnel. D’abord parce qu’un monarque, par nature, a un rôle de représentation beaucoup plus développé qu’un président de la République. On le voit bien avec la reine Elisabeth II. Et, en matière de représentation extérieure, Giscard est absolument inimitable. Il est depuis Félix Faure le plus élégant de tous nos présidents de la République ; il est celui qui a le plus d’allure, de distinction naturelle, et en plus il adore ça ! Donc il aurait été impeccable.
Ensuite, le monarque constitutionnel conserve une influence substantielle en matière de politique extérieure - affaires étrangères et défense -, et ce sont des sujets que Valéry Giscard d’Estaing aimait particulièrement et sur lesquels il a pas mal innové ; qu’il s’agisse de sujets monétaires avec le chancelier Schmidt, d’interventions en Afrique (Kolwezi)… Ce n’était pas quelqu’un qui se dérobait.
Pour le reste, VGE exerçait largement son pouvoir politique, mais on peut imaginer qu’il serait devenu un bon monarque constitutionnel dans la mesure où ces monarchies sont avant tout des régimes parlementaires. Et lui a vraiment une formation et un passé de grand parlementaire. Il avait œuvré sous le gaullisme pour que l’Assemblée ait un rôle élargi, qu’elle ait un pouvoir de contrôle, une force de proposition… Finalement, il n’est devenu hyperpréside