C'est une situation curieuse. A Marseille, un syndicat, Force ouvrière, se retrouve sans le vouloir au cœur de la primaire socialiste pour la municipale, plusieurs candidats pointant son rôle dans la «cogestion» de la ville, facteur selon eux de l'«immobilisme» d'une administration pléthorique et trop peu mobilisée. Ils promettent une «nouvelle gouvernance». Mais, dans le même temps, certains d'entre eux courtisent discrètement FO, réputé pour son poids électoral depuis une soixantaine d'années.
En 1953, voulant contrer l'influence du PCF et de la CGT, le nouveau maire, Gaston Defferre, s'était appuyé sur la CGT-Force ouvrière, scission antistalinienne du syndicat communiste. Il l'avait aidée à s'installer en lui permettant d'attribuer les embauches, les promotions et mutations. Ainsi, pour entrer à la ville puis progresser dans la hiérarchie, il fallait prendre sa carte à FO. Cela a permis au syndicat de devenir très vite majoritaire (1). Jean-Claude Gaudin, le maire UMP, a repris la même méthode depuis 1995. A la différence près, suggèrent ses détracteurs, que Defferre était le patron et soignait un syndicat qu'il dirigeait, tandis qu'avec Gaudin le rapport de force s'est inversé : FO donne parfois le sentiment de décider. Le syndicat reste puissant (61% à la ville, 55% à la communauté urbaine aux dernières élections professionnelles), et le maire ne reçoit jamais ses concurrents dans son bureau. «Mais ce n'est pas à notre demande, précis