Toutes les informations que la presse distille sur l'arbitrage rendu, en 2008, en faveur de Bernard Tapie, dans le conflit l'opposant au Consortium de réalisation (CDR) - la structure de défaisance du Crédit lyonnais - dessinent l'image d'un scandale d'Etat. Plutôt que revenir sur les faits ayant conduit à sacrifier l'intérêt général au profit d'intérêts particuliers, on voudrait examiner ce que cette affaire enseigne sur le fonctionnement de la Ve République. Elle révèle des entorses surprenantes au constitutionnalisme et l'apparition d'un nouvel ethos chez certains hommes politiques et hauts fonctionnaires.
Le premier fait caractérisant cette affaire est le très faible nombre d'acteurs ayant participé aux principales décisions litigieuses. Du côté de l'Etat, c'est la ministre de l'Economie (Mme Lagarde) qui a agi, ayant donné instruction, en 2007, de se prononcer en faveur de la proposition du CDR de recourir à l'arbitrage.
D’autre part, c’est la même ministre de l’Economie qui a approuvé, le 28 juillet 2008, la décision du CDR de ne pas contester devant la cour d’appel de Paris la sentence arbitrale. Un document de la Cour de discipline budgétaire n’a pas manqué de relever l’opacité de cette prise de décision et d’innombrables irrégularités juridiques qui paraissent avoir émaillé la procédure du recours à l’arbitrage.
Mais la ministre de l'Economie semble avoir agi dans cette affaire en étroite collaboration avec la présidence de la République. On sait