Dans un café, à Saint-Etienne, une conversation informelle entre Steeve Briois, secrétaire général du FN, et la responsable du parti dans le département de la Loire. La discussion porte sur la constitution des listes électorales pour les municipales. Elle lui parle, hésitante, de «jeunes, motivés»… Il la coupe : «Lance-les !» A ses yeux, il y a tout à gagner à propulser des nouveaux militants énergiques et dévots.
Avant l'été, 570 têtes de liste avaient été investies par le siège du FN, dont 485 pour des villes de plus de 3 500 habitants. Selon Nicolas Bay, secrétaire général adjoint chargé de la campagne municipale, un tiers a moins de 30 ans. «Ils incarnent tout de suite et de façon tangible le renouveau politique, se réjouit-il. Et ils sont plus malléables.» Ils sont les outils faits de chair et d'os de la stratégie de «dédiabolisation» poursuivie par Marine Le Pen, qui n'a de cesse de vouloir présenter le FN comme un parti neuf et, surtout, acceptable.
«Crédibilité». Ces candidats au nouveau visage sont la face la plus visible d'une vaste réorganisation interne du parti d'extrême droite. De sa marche au pas cadencé vers la professionnalisation. A l'exception de quelques-uns, ils ne deviendront pas maires, mais ils étofferont le réseau frontiste sur tout le territoire. Car aux prochaines élections, le FN n'ambitionne pas tant de faire tomber des villes (à part quelques-unes, symboliques, comm