Mercredi 28 mars 2001. 4 h 11. La dépêche de l'AFP tombe. Sèche comme un coup de trique. «Le juge Eric Halphen a convoqué Jacques Chirac, selon le Parisien.» Il souhaite l'interroger dans l'affaire des HLM de Paris et le système de financement occulte du RPR. Deux minutes plus tard, Dominique de Villepin est tiré de son sommeil par un conseiller en communication de l'Elysée.
«Nous rédigeons un communiqué de démenti ?» balbutie le malheureux au téléphone… Villepin a déjà raccroché. Il compose le numéro de Jean-Claude Antonetti, le spécialiste des affaires judiciaires, puis celui de Francis Szpiner, l'avocat de la chiraquie et du Président. Il pense un instant appeler Thierry Herzog, le conseil des Tiberi et le second de Szpiner dans tous les dossiers du RPR, mais il se ravise. Une intuition. Même si Herzog a toujours été d'une indéfectible loyauté, Villepin n'a pas une absolue confiance en ce bon vivant, fan de Johnny Hallyday et ami de Sarkozy…
Le secrétaire général jette un œil sur son réveil électronique et passe une main dans ses cheveux, comme pour s'apprêter un peu avant de donner le coup de fil le plus important de sa carrière. Il appuie sur les quatre touches. La ligne rouge. Il est 4 h 20. «Monsieur le Président… - Quoi ? - Monsieur le Président… - Mais quoi, bon dieu, que se passe-t-il… - Ils savent, monsieur le Président. Le Parisien annonce votre convocation… - Bordel de merde, Villepin, mais qu'est-ce que vous foutez, c'est quoi ce me