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reportage

Bure, une campagne sous perfusion nucléaire

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La région abrite un laboratoire d’enfouissement des déchets radioactifs et profite des subsides d’EDF, du CEA et d’Areva.
publié le 28 août 2013 à 22h46

Le serveur fait les cent pas dans la salle vide du restaurant. Il est 13 heures, pas de clients en vue. «Ils nous ont dit que d'ici trois mois, il y aura ici plus de 5 000 travailleurs. Vous imaginez ?» Inespéré pour cet établissement isolé à 73 kilomètres de Nancy, à la frontière de la Meuse et de la Haute-Marne. «Ils», ce sont les dirigeants de l'Agence nationale des déchets radioactifs (Andra), qui communiquent depuis plusieurs années sur les retombées économiques que ne manquera pas d'induire le futur centre d'enfouissement en profondeur des déchets radioactifs. C'est dans ce désert rural, plus précisément à Bure, petit village de 87 âmes aux cheveux grisonnants, que se joue en partie l'avenir de la filière nucléaire française tant la gestion des déchets est un enjeu stratégique. «Si Bure échoue, cela portera un coup rude à l'industrie nucléaire dans ce pays», soutient Corine François, porte-parole de l'association Stop-Bure Meuse.

Pactole. Tout commence en 1991, lorsque le gouvernement socialiste d'Edith Cresson dévoile le nom des 4 départements envisagés pour accueillir un laboratoire de recherche sur les déchets nucléaires. La Meuse et la Haute-Marne en font partie. La «loi Bataille» - du nom du député PS qui en fut le rédacteur - est alors votée et prévoit une enveloppe de 5 millions de francs (750 000 euros) par an pour les mesures dites d'accompagnement économique des sites. En 1999, un décret autorise la const