Après son triomphe sur le mariage pour tous, les oracles étaient unanimes pour prédire le pire à Christiane Taubira quand il s'agirait de porter sa réforme pénale. Sa vision de «la lutte contre la récidive» - le nom de sa loi -, qui ambitionnait de faire cohabiter fermeté et fin du tout-carcéral, a été fortement contestée par le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, poids lourd du gouvernement et l'un des hommes forts de l'an I du quinquennat. Entre ces tempéraments - et les deux ministres les plus populaires à gauche -, au-delà des images de bonne camaraderie livrées par ces deux pros, on ne s'est pas fait de cadeau lors d'un affrontement à rallonge, qui a fini par alimenter la mobilisation autour des «valeurs de gauche» de la ministre de la Justice.
Vendredi, sur le perron de l'Elysée, les derniers arbitrages rendus en présence des deux ministres, Jean-Marc Ayrault a prononcé l'oraison funèbre du sarkozysme pénal, enterrant les peines planchers et confirmant la création d'une peine de probation - une annonce que la garde des Sceaux s'était offerte lors d'un discours très applaudi à l'université d'été du PS. «La politique de l'affichage et du laxisme, c'est terminé», a lancé le Premier ministre. La réforme donne la part belle au «laxisme plutôt [qu'à] la fermeté envers les délinquants», n'a pas manqué de lui rétorquer Jean-François Copé. Refrains connus.
Credo. A l'Elysée, après un été délétère entre la place V