La question de l’éventuelle intervention militaire française en Syrie emprunte des chemins étranges. On débat aigrement sur le point de savoir si le Parlement doit voter ou non sur l’engagement de forces françaises à l’étranger. La Constitution est pourtant limpide là-dessus : le gouvernement doit informer le Parlement, il peut organiser un débat mais celui-ci n’est suivi d’aucun vote. C’est ce que prévoit explicitement l’article 35 de la Constitution.
Dans notre système présidentiel, le pouvoir militaire appartient au chef de l'Etat. Celui-ci a la faculté de tourner la procédure en faisant poser la question de confiance par le Premier ministre. C'est ce que fit Michel Rocard en 1991 à la demande de François Mitterrand, au moment de la première guerre contre Saddam Hussein. C'est aussi le seul exemple sous la Ve République. Y recourir, c'est soit solenniser un consensus national pour renforcer la position présidentielle (cas de 1991), soit renoncer de fait à une prérogative constitutionnelle essentielle du chef de l'Etat, ce qui serait le cas si François Hollande y recourait à son tour. Si François Hollande choisit de le faire voter, il abandonne délibérément l'un de ses principaux pouvoirs. C'est son droit. Ce serait cependant une évolution en profondeur des institutions, une déprésidentialisation, une reparlementarisation. Le paradoxe est qu'en réclamant bruyamment ce vote, les parlementaires UMP tournent le dos à la Constitution gaullienne dont ils sont en théor