Une petite phrase bancale, au détour d'un échange avec des journalistes, et c'est tout le bel édifice filloniste qui vacille. L'ancien Premier ministre est-il vraiment prêt, comme il l'a laissé entendre dimanche sur Europe 1, à voter pour un candidat du Front national au motif qu'il serait «moins sectaire» que son adversaire socialiste ? Si tel était le cas, il faudrait y voir un changement radical de doctrine de la part de celui qui incarnait une droite modérée, viscéralement opposée à toute compromission avec l'extrême droite.
Héritiers. N'est-ce pas le même Fillon qui fustigeait à longueur de discours les lepénistes, héritiers de «ceux qui tentèrent d'assassiner le général de Gaulle» qu'on ne saurait traiter comme les socialistes, héritiers, eux, du grand Jaurès ? Sur France 3, en mai, c'est encore lui qui assurait que son jugement sur un FN «hors des limites du pacte républicain» était à la source d'une «différence d'approche irréconciliable» avec Nicolas Sarkozy qui ne combattait le FN que pour des raisons stratégiques.
Depuis que le député de Paris a lâché sa stupéfiante réponse, si douce aux oreilles de Marine Le Pen, les fillonistes sont dans l'embarras. Dès dimanche, sur le plateau de France 2, Valérie Pécresse et Gérard Larcher avaient dit à l'ancien Premier ministre leur incompréhension. Toute la journée de lundi, ils ont attendu, de la bouche de Fillon, la clarification qui s'imposait. Ils n'