L'épreuve syrienne provoque d'inattendus reclassements idéologiques et d'imprévues inversions de postures au sein des deux principales familles politiques françaises. L'UMP, héritière de la tradition gaulliste, prend fait et cause officiellement pour la non-intervention militaire au nom d'un nécessaire consensus avec nos alliés européens et d'un strict respect des règles de l'ONU. Cela l'a conduit à exiger, en cas de frappes aériennes françaises, un vote du Parlement réduisant ainsi la marge de manœuvre présidentielle face à un choix militaire : exactement le contraire de toutes les convictions et même de toutes les certitudes du général de Gaulle. Le président fondateur de la Ve République voulait que le chef de l'Etat ait les mains libres et puisse agir sans entraves à l'extérieur en cas de conflit. Point de vue certes contestable, mais nourri de souvenirs historiques douloureux (la débâcle de 1940) et assumé en de nombreuses occasions. Quant à l'idée de subordonner une initiative française au bon vouloir de l'ONU et à l'acquiescement de nos alliés, elle l'eut fait bondir et sans doute se lancer dans l'une de ces philippiques irrésistibles et pittoresques où il excellait.
L’UMP a pris, par la voie autorisée de Christian Jacob, la plus spectaculaire antigaulliste des positions. La parenté avec l’attitude des centristes en constitue d’ailleurs une confirmation ironique. Face à la crise syrienne, l’UMP (à l’exception attendue d’Alain Juppé, et à celle, moins attendu