Les visages affables de Marine Le Pen, ses discours moins outranciers et le rajeunissement des cadres du parti, n’y changent rien. Sous ses parures démocratiques le Front national porte toujours les mêmes convictions haineuses, le rejet des étrangers, des immigrés. L’héritière du FN, constitue pourtant une tout autre menace que celle portée il y a quelques années par son père.
Le poison que distille aujourd'hui Marine Le Pen diffuse bien au-delà des bataillons traditionnels de l'extrême droite. Le jeu pervers de Nicolas Sarkozy durant les derniers mois de la campagne présidentielle ou les déclarations de Jean-François Copé et des soudards de la Droite forte, dénonçant le FN mais vantant ses idées attestent de la prolifération du mal. Et sans croire comme le philosophe Bernard Stiegler que le FN «sera bientôt majoritaire», l'ampleur de la contamination justifie de prendre l'affirmation au sérieux. L'antidote est d'abord politique. L'UMP, plutôt que de se compromettre dans des déclarations ambiguës et des tactiques électorales douteuses, doit avoir le courage d'établir un cordon sanitaire avec le FN. Peut-être même d'amputer un bras trop affecté par le poison. Mais la gauche au pouvoir doit aussi prend sa part du traitement. En parlant à nouveau à ces populations des campagnes et des banlieues lointaines, accablées par la crise et le sentiment d'abandon; en dessinant un modèle économique clair, de partage et de justice. C'est par la force des idées que la «lepénisation