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Interview

«Fillon a dû sentir combien la base électorale de l’UMP s’était radicalisée»

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Jérome Fourquet, de l’Ifop, note que 49% des sympathisants veulent s’allier localement avec le FN.
publié le 16 septembre 2013 à 21h36
(mis à jour le 17 septembre 2013 à 11h27)

Directeur du département opinion publique de l'Ifop, Jérôme Fourquet publie avec Marie Gariazzo FN et UMP : électorats en fusion, édité par la Fondation Jean-Jaurès.

La volte-face de François Fillon sur le vote FN vous a-t-elle surpris ?

Si François Fillon, qui était jusqu’alors connu pour son intransigeance à l’égard du FN, en est là, c’est révélateur d’un glissement à l’UMP. A l’occasion des nombreux déplacements qu’il fait sur le terrain, il a dû sentir combien la base électorale de l’UMP s’était radicalisée. Cela s’explique par l’héritage du quinquennat de Sarkozy, mais aussi par le retour de la gauche au pouvoir. Il y a, dans l’électorat de droite, une très forte envie d’en découdre avec la gauche. On l’a vu, par exemple, lors de la mobilisation contre le mariage pour tous. Cet électorat veut entendre des mots durs contre la gauche et le «politiquement correct», et c’est pour répondre à cette pression de la base qu’il a franchi le Rubicon. Lors de sa confrontation avec Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP, François Fillon a eu l’occasion de mesurer que la prime va à celui qui tape le plus fort.

Fillon a fait du Sarkozy…

Pour Fillon, le match n’est effectivement plus avec Copé mais bel et bien avec Sarkozy, qu’il ne veut pas laisser seul sur le créneau de l’électorat radicalisé de l’UMP. Alors qu’en 2010, 32% des sympathisants UMP étaient favorables à des alliances locales avec le FN, ils sont aujourd’hui 49%. Jusqu’à présent, c’est à l’autre moitié de l’UMP que Fillon s’adressait. En posant un acte transgressif, qui lui attire de nombreuses critique