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Libération
EDITORIAL

Gangrène

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publié le 16 septembre 2013 à 21h16

11 septembre 1983, le RPR fait, pour la première fois, alliance avec le Front national pour conquérir la mairie de Dreux. Trente ans plus tard, la droite reste habitée par la même tentation de rapprochement avec l'extrême droite. Les temps ont pourtant bien changé. Jamais la digue entre les deux partis n'a semblé si fragile. Il ne s'agit plus de quelques saillies douteuses, comme celle lancée par Charles Pasqua sur les «valeurs communes» du RPR et du FN, ou d'accords locaux pour conquérir quelques régions, comme en 1998. Ce sont les valeurs de la droite ordinaire qui vacillent aujourd'hui. Car après avoir fait siens les thèmes récurrents du FN - l'immigration, la sécurité, l'identité nationale, l'assistanat… -, une frange de l'UMP ne voit plus de «frontière infranchissable» avec le parti de Marine Le Pen. Nicolas Sarkozy et Patrick Buisson avaient entamé cette lente dérive vers l'extrême droite lors de la campagne de 2012. Jean-François Copé et François Fillon la précipitent. L'issue n'est pourtant pas inéluctable. En rappelant aux responsables de son parti et à leurs bataillons que la droite ne partage rien des valeurs et des références du Front national et que son programme économique est une aberration, Alain Juppé a fait plus que tirer une sonnette d'alarme. Il a marqué la distance entre une partie de l'UMP, déjà contaminée par le poison mortel du FN, et une autre, encore fondée sur ses principes. Juppé et ses amis doivent désormais aller au bout du rai