Bien entendu, les deux principaux facteurs qui portent la résistible ascension de Marine Le Pen s’appellent la crise de la société française et la stratégie de dédiabolisation du Front national.
La première l’emporte de beaucoup sur la seconde. Le chômage, la précarité, l’insécurité - les insécurités -, la crise d’identité française, la peur de la mondialisation, le désamour vis-à-vis de l’Europe, c’est tout cela qui constitue le véritable creuset du Front national.
L’extrême droite est moins un projet qu’un rejet, le rejet du déclassement individuel et collectif, le rejet de la dislocation du modèle social français, de l’affaissement et de l’obscurcissement de l’ambition nationale française.
Le Front national prospère sur ces fissures et ces fractures. A quoi il faut effectivement ajouter l’habileté rustique d’une entreprise de dédiabolisation de l’extrême droite, menée avec méthode et cynisme, évitant les dérapages, martelant les accusations et les calomnies contre les gouvernants, qu’ils soient de gauche ou de droite, jouant sans ambages des préjugés, accablant les boucs émissaires, proposant les solutions les plus irréalistes et les plus dangereuses, bref s’efforçant de donner un visage respectable à la démagogie, à la xénophobie et au nationalisme. La crise sert Marine Le Pen et Marine Le Pen sait se servir de la crise. Voilà pour le chaudron de l’extrême droite, sous ses nouvelles couleurs du nationalisme protestataire.
Il faut pourtant y ajouter toute une série d’ingrédie