C’est l’histoire d’un mot : islamophobie. Cinq syllabes venues percuter l’actualité ces derniers mois. Déstabilisant au passage les cadres traditionnels de pensée de l’antiracisme en France portés par la gauche laïque. Depuis le mois de mai et la plainte pour violences d’une jeune fille voilée à Argenteuil (Val-d’Oise), les signalements de cas de femmes voilées agressées se sont multipliés. Il y en a eu un autre à Argenteuil, en juin. Puis à Trappes (Yvelines), en juillet. Et encore à Paris, en septembre, sur un quai de RER. Affaires ressemblantes : des femmes, jeunes, voilées, se font agresser par un ou deux hommes blancs, proférant des propos antimusulmans. Entre-temps, à Argenteuil comme à Trappes, il y a eu aussi des contrôles de police de femmes portant le niqab (interdit sur la voie publique depuis 2011) qui ont dégénéré en violences urbaines. Et beaucoup de choses se sont mélangées : les méthodes policières, le mal-être des banlieues, le combat contre les lois sur le voile et la question plus générale du rejet de l’islam en France. Et partout ce mot, en boucle mais souvent encadré de guillemets : islamophobie. Preuve de la mayonnaise montante autour de ce concept, une demi-douzaine d’ouvrages paraissent ce mois-ci sur ce thème.
Il est peu de dire que les médias ont fait preuve de prudence, voire de circonspection, face aux agressions de femmes voilées, en employant un conditionnel que les victimes et les associations de lutte contre l'islamophobie n'ont eu de cesse de