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Billet

Travail du dimanche : la cohabitation du septième jour

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publié le 30 septembre 2013 à 11h46

Le salarié, le consommateur, le citoyen. Le salarié qui veut travailler le dimanche pour gagner plus d’argent. Le consommateur qui souhaite faire ses courses quand il a le temps, c’est-à-dire parfois au septième jour. Le citoyen qui voit d’un œil inquiet le démantèlement possible du droit du travail et la disparition d’un repos que même Dieu s’accorde dans la Bible.

Nous sommes traversés par ces trois définitions de l’être social, trois personnages qui bataillent et ferraillent en nous, qui s’invectivent et se déchirent. Schizophrénie : le citoyen souhaite la protection du salarié mais, dans le même temps, affirme son droit à pouvoir consommer librement ; le salarié ne comprend pas que le citoyen veuille légiférer à sa place et lui imposer le repos quand lui souhaite simplement mieux gagner sa vie. Quant au consommateur, il abolit en lui-même toutes ses autres dimensions le temps de l’Achat.

Autant reconnaître qu’il n’y a pas de réponse univoque à une question à ce point emmêlée. Etre totalement pour la fermeture de tout ou farouchement contre, c’est la meilleure manière d’hystériser un débat de société. L’Etat, en la matière, doit organiser la pluralité de nos identités sociales et faire en sorte qu’elles ne s’autodétruisent pas mais se combinent harmonieusement. Ce qui veut dire : se donner les moyens de contrôler si le travail du dimanche, fondé sur le volontariat, n’est pas obtenu par des pressions diverses, obliques, invisibles afin que le citoyen ne sorte affaibli par le