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Analyse

Des enjeux locaux et politiques

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Stratégique et budgétaire, la refonte de la carte militaire a des conséquences majeures, notamment dans les villes petites et moyennes.
par Louis Marrou, Olivier Milhaud, (Paris-IV) et Marie Redon, (Paris-XIII)
publié le 3 octobre 2013 à 21h36

La carte militaire est un formidable outil d'aménagement. Sa refonte, un véritable déménagement des territoires. La décrypter, c'est retrouver des héritages historiques : quadrillage du territoire national et concentration aux frontières. La rigueur budgétaire, qui cible systématiquement les forces armées, est plus ou moins masquée derrière les «impératifs opérationnels» ou la «rationalisation de notre outil de défense».

Concrètement, la refonte de cette carte, engagée en 2008, doit mener à plus de 54 000 suppressions de postes et 83 fermetures d’unités militaires. La saignée dans les régions ne sera pas partout la même. En cinq ans, la Lorraine est déjà passée de quatorze à dix régiments. D’ici à 2015 vont s’étendre les déserts militaires - ces départements d’où l’armée est absente ou presque. Pensons au littoral de la Manche (Cotentin exclu) ou à toute une bande allant de la Seine-et-Marne jusqu’à Montpellier, en couvrant de vastes territoires du Massif central. Le lien entre armée et nation aura-t-il encore un sens dans ces déserts militaires ?

Ce que montre la nouvelle carte militaire du matériel terrestre, c’est une concentration croissante vers les métropoles, une diminution des sites et leur regroupement près des principaux axes de communication. Cette carte-là est assurément celle de la logistique.

Employeur. Mais ce choix géographique a un coût local majeur. L'armée est un acteur crucial dans les villes petites et