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Interview

«La priorité nationale reste l’épine dorsale du FN»

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Pour le politologue Jean-Yves Camus, le Front national n’a qu’évolué à la marge. La fille ne condamnant jamais les propos du père et s’appuyant sur la même idéologie :
Marine Le Pen le 8 janvier 2013 à Nanterre. (Photo Laurent Troude)
publié le 11 octobre 2013 à 23h21
(mis à jour le 12 octobre 2013 à 2h59)

Politologue spécialiste de l’extrême droite, Jean-Yves Camus est chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).

Marine Le Pen est-elle d’extrême droite ?

Sans aucune contestation possible. Et, si ce n’est ni un parti fasciste ni un parti néonazi, le FN trouve sa source dans l’extrême droite traditionnelle, c’est irrémédiable. Une bonne partie de ses électeurs accepte d’ailleurs ce qualificatif. La direction de leur parti voudrait-elle leur dicter ce qu’ils pensent d’eux-mêmes et de la formation à laquelle ils appartiennent, pour laquelle ils votent ?

Quels sont les principaux marqueurs de l’extrême droite de Marine Le Pen ?

La volonté de remplacer la démocratie représentative par la démocratie directe. La mise en opposition d’un peuple naturellement sachant avec des élites dévoyées et corrompues. La distinction juridique faite entre les nationaux et les étrangers. L’opposition à toute forme de supranationalité, ce qu’il ne faut pas confondre avec le souverainisme et le protectionnisme, qui ne sont pas d’extrême droite. (Photo Iris)

Jean-Marie Le Pen avait déjà tenté de décoller du FN l’étiquette d’extrême droite…

Oui. L’idée du Front national, c’est d’expliquer : nous ne sommes ni de droite ni de gauche, nous sommes le peuple. D’où nous parlons ? Du peuple. A qui parlons-nous ? Au peuple. Ce que nous voulons ? Ce que veut le peuple.

Quelles ruptures entre le Front national de Marine Le Pen et celui de son père ?

La rupture est incomplète. En Italie, quand Gianfranco Fini décide de changer le MSI, il condamne clairement le fascisme, il condamne les lois raciales. Sa mutation peut être étayée par des dizaines de déclarations, par une pratique gouvernementale… Il n'y a pas, chez Marine Le Pen, de démarche similaire. Lor