«Attention, gouvernement ! Les gens vont suivre le FN» : Lucky, agent de sécurité, le cœur à gauche, rêve d'un François Hollande qui revienne sur terre et «n'oublie pas le peuple». Il n'est pas le seul à Lomme, dans la banlieue de Lille, à penser ainsi. Pourtant, ici, le socialisme, c'est un héritage de père en fils, ancré dans un terreau ouvrier et cheminot. D'ailleurs, chaque mois de septembre, la rentrée politique de la puissante fédération du Nord s'y tient. Une tradition.
Mais, voilà, il y a du blues dans les quartiers. A l'entrée de l'école Lamartine, les parents d'élèves racontent la peur du chômage : «Les usines ne font que fermer», s'inquiète Angélique. La baisse du nombre des demandeurs d'emploi en août ? Vianney, 35 ans, agent d'exploitation dans les parkings souterrains, se gondole : «Ils en ont compté beaucoup trop en moins, avec l'erreur de SFR.» Il redevient sérieux pour évoquer cette misère qui augmente : «Dans les parkings, je suis directement confronté aux SDF, aux Roms. Ils sont de plus en plus nombreux, et je dois les mettre dehors, parce qu'ils sont indésirables.»
Brignoles, avec l'éviction dès le premier tour du candidat communiste, soutenu par le PS, et un Front national largement en tête, n'étonne personne. «C'est un avertissement sans frais», estime Vianney. Il désigne son ami Lucky : «Nous travaillons tous les deux, et nous sommes très peu soutenus par l'Etat. Je commence à 5 heures du matin, j