Dans le film Un jour sans fin, Bill Murray se réveille chaque matin au son du même programme radio et revit, au détail près, la même journée que la veille. La victoire du frontiste Laurent Lopez dans la cantonale de Brignoles, ce week-end, peut donner une impression similaire. Depuis 1983, l'histoire du Front national est rythmée par ces fameuses «percées», qui le voient réaliser un score plus ou moins remarquable. Y répond à chaque fois une avalanche de dissertations sur le déclin des grands partis, le désespoir des électeurs et les malheurs de la République.
La succès de Laurent Lopez dans ce petit canton varois ne fait pas exception à la règle. D'autant moins qu'il a été précédé de deux salves médiatiques : un «débat» lancé par le FN lui-même au sujet de l'étiquette «extrême droite» qui lui est (fort justement) attribuée; et un emballement collectif autour du sondage lui attribuant 24% pour les prochaines élections européennes, en mai 2014. S'agissait-il de démontrer que le parti peut désormais aspirer au pouvoir ? On a surtout constaté sa capacité à hystériser la sphère politico-médiatique. Pouvoir fascinant s'agissant d'un parti à deux députés, relativement pauvre en cadres, ne contrôlant aucune grande