«C'est vraiment cocasse que cela tombe sur toi», lui ont dit ses collègues médecins de l'hôpital Sébastopol, à Reims. Et ils n'ont pas tort. Le docteur Eric Kariger n'a franchement pas le profil du mauvais élève, ni du diable comme le décrivent à satiété certains sites catholiques intégristes. Ni celui du nazi, comme le qualifient une série de lettres anonymes qu'il a reçues. Voilà un homme droit dans ses bottes, médecin, social, catholique pratiquant, membre du Parti chrétien-démocrate de Christine Boutin. Et résolument contre toute euthanasie active. Or, c'est lui que certains qualifient d'«agent de la mort», alors qu'il veut simplement faire son travail : à savoir, arrêter les traitements de Vincent Lambert, infirmier de 37 ans dans le coma depuis plus de cinq ans à la suite d'un accident de moto.
Un acte de mort ? Allons donc, Eric Kariger en a discuté avec toute l'équipe soignante, avec la femme de Vincent, avec six des huit frères et sœurs de Vincent. «Nous nous sommes assuré que Vincent avait manifesté à plusieurs reprises le fait qu'il ne voulait pas vivre cette vie-là», poursuit Eric Kariger. Et dans ces conditions, le médecin a simplement appliqué la loi Leonetti sur la fin de vie qui permet d'arrêter tous les traitements, dont l'alimentation et l'hydratation. Mais voilà, hostiles à cette décision, les parents de Vincent ont saisi le tribunal de Châlons-en-Champagne, qui a ordonné, le 11 mai, la reprise de l'alimentation et de l'hydratatio