Et maintenant, il se rend au 20-heures de TF1 pour proclamer qu'il faut transformer les élections municipales de mars prochain en référendum contre «l'assommoir fiscal» : François Fillon se prend désormais pour Jean-François Copé. Il saute sur chaque occasion de lancer une offensive théâtrale contre le gouvernement. Il esquisse un programme économique et social plus proche de celui de David Cameron que de celui d'Angela Merkel. Il fait des politesses au Front national. Il change brusquement de rythme, passant soudain des langueurs du Maine à la précipitation parisienne.
On l’avait connu silencieux et secret, il se fait bavard et imprudent. On le croyait modéré et réservé, il se déchaîne comme le jeune Chirac. Il incarnait une bourgeoisie de province traditionnelle, catholique, étoffée, réfléchie et courtoise. Il se métamorphose en assaillant brutal et sommaire. Il faisait fructifier une image patiemment composée d’homme d’Etat stoïque et expérimenté, il surgit en politicien agressif et manichéen. La question est de savoir s’il finit par tomber le masque ou s’il se grime en ce qu’il n’est pas.
Les ressorts de cette vocation tardive ne font aucun doute. François Fillon a décidé de brûler ses vaisseaux parce que Jean-François Copé l’a battu en lui portant des coups défendus, que Nicolas Sarkozy, après l’avoir humilié, menace maintenant de lui obstruer le chemin, et que la France vire à droite. Jean-François Copé est aujourd’hui président en titre de l’UMP, alors que lui