A son arrivée en Martinique mercredi, Manuel Valls s'est un peu avancé. «Entre Jean-Marc Ayrault et moi, vous ne trouverez aucune différence», assure-t-il à sa descente de l'avion. «L'affaire Léonarda» commence à peine mais, entre le chef du gouvernement et le ministre de l'Intérieur, c'est déjà la guerre. Froide, qui vient de loin et qui va rejaillir sur François Hollande : samedi, contre toute attente, le chef de l'Etat apparaît sur tous les écrans pour tenter d'éteindre l'incendie qui a pris à gauche. «Ni Ayrault ni Valls ne pouvaient plus jouer le rôle de paratonnerre : si l'un parlait, cela consacrait la défaite de l'autre», décrypte un pilier de la majorité.
Zénith. Entre Ayrault et Valls - qui jouit et joue, comme Arnaud Montebourg l'avait fait l'hiver dernier, de son statut d'ex-candidat à la primaire, pour passer au-dessus du Premier ministre et ne traiter qu'avec le chef de l'Etat -, l'incompréhension est allée croissante ces derniers mois. Sur fond de popularité au zénith, le discours de Valls en Camargue mi-juillet a fait virer tous les signaux au rouge à Matignon. A partir de ce moment-là, «il est entendu qu'il ne faut plus laisser Valls seul sur ses sujets qui touchent à la sécurité et donc à l'autorité», explique alors un proche du Premier ministre. Viendront ensuite les polémiques estivales sur la réforme de la politique pénale ou migratoire - déjà - lors du séminaire de rentrée du gouvernement.