La gestion du flux des entrées légales est un des rares sujets «immigration» sur lequel l'UMP dénonce volontiers la position «irréaliste» du FN. Ce dernier affiche l'objectif de réduire d'environ 200 000 aujourd'hui à 10 000 le nombre de titres de séjours accordés chaque année. Un volume minime que le FN, au moment où cet objectif a été annoncé, était dans l'incapacité de justifier. Ne citons qu'un exemple : interrogée sur les dérogations, Marine Le Pen avait concédé sur Rue 89 qu'il n'était évidemment pas question d'interdire à un Français de se marier avec une étrangère et de venir vivre en France : «Vous avez le droit de vous marier avec un Marocain et de vivre en France avec lui. Monsieur Gollnisch s'est marié avec une Japonaise ! Pendant quinze ans, Carl Lang, secrétaire général du FN, était marié avec une Suédoise. C'est un choix personnel que nous ne contestons pas.»
Problème, ces cas que le FN «ne conteste pas» sont environ 40 000 chaque année… Soit quatre fois plus que son plafond de 10 000 ! L’UMP a donc quelques raisons de moquer le slogan frontiste, même s’il est patent qu’en la matière son propre objectif a aussi fondu depuis deux ans. En avril 2011, Claude Guéant annonce qu’il faut faire passer le nombre d’immigrés légaux annuels de 200 000 environ à 180 000. Un an après, la campagne aidant, Nicolas Sarkozy propose une baisse plus drastique, évoquant 100 000 entrées. Si l’objectif est moins délirant que celui du FN, l’UMP ne se risque pas plus