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Libération
Interview

«L’UMP alimente la boîte à fantasmes»

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Catherine Wihtol de Wenden, spécialiste des questions migratoires, revient sur l’évolution du discours de la droite.
publié le 22 octobre 2013 à 21h16

Directrice de recherche au CNRS, Catherine Wihtol de Wenden travaille au Centre d'études et de recherches internationales (Ceri). Elle a publié cette année la Question migratoire au XXIsiècle (les Presses de Sciences-Po).

Constatez-vous un durcissement de la droite sur les questions liées à l’immigration ?

Quand il était ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy avait saisi la balle au bond lors de la sortie du livre vert européen sur l’immigration. L’idée semblait alors s’imposer qu’il fallait sortir du dogme de l’immigration zéro, que la France comme d’autres pays européens - notamment l’Allemagne - en avait besoin. En 2006, Sarkozy sortait du discours ultrasécuritaire lancé par Charles Pasqua en 1993.

Quel était le discours de la droite ?

La droite mettait le projecteur sur l’immigration de ceux, qualifiés, qui avaient des «capacités» ou des «talents». Elle proposait des statuts de simples saisonniers pour les migrants légaux les moins qualifiés. Mais progressivement, ce discours plutôt rationnel, aligné sur celui de l’Allemagne, a laissé place à un autre, exclusivement centré sur la lutte contre l’immigration illégale. Souvenez-vous de la circulaire Guéant en 2011, interdisant aux étudiants étrangers d’entrer sur le marché du travail français. On a aussi connu, de 2007 à 2012, un encadrement de plus en plus restrictif de l’accès au regroupement familial, et la chasse aux sans-papiers, avec des objectifs chiffrés de reconduites à la frontière. La campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 a été l’archétype de ce glissement pour prendre des voix au FN.

De nombreux ténors de l’UMP souhaitent restreindre le droit du sol et remettre en cause l’aide médicale de l’Etat (AME). Même Sarkozy n’était pas allé jusque-là…

Sur ces sujets, l’UMP porte le