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Libération

Parti socialiste : le remords du pouvoir

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publié le 23 octobre 2013 à 18h06

Le Parti socialiste va mal mais il l’a bien cherché. Depuis la victoire de François Hollande, le PS est lourdement retombé dans son ornière familière, le remords du pouvoir, pour reprendre le titre d’un bon livre (1). Les historiens le savent bien : le Parti socialiste s’est toujours senti malheureux au gouvernement, comme si la victoire était inéluctablement le début de la trahison, comme si le pouvoir devenait implacablement un reniement. Léon Blum, le plus distingué et le plus clairvoyant des leaders socialistes, l’avait compris bien avant la victoire du Front populaire. Guy Mollet avait en revanche été cloué au pilori comme renégat et relaps. Pierre Mauroy s’était, certes, bravement battu pour qu’un socialiste Premier ministre devienne un Premier ministre socialiste mais il avait perdu. François Mitterrand en revanche se souciait beaucoup plus de laisser dans l’Histoire la trace d’un président charismatique que celle d’un président socialiste. Fabius, Rocard, Jospin ont cheminé vers la social-démocratie, moderniste avec le premier, novatrice avec le deuxième, vigoureux et ferme avec le troisième. A chaque fois, le Parti socialiste, mortifié et flottant, rattrapé par le monde réel, ruminait le malheur de devoir passer de l’allégresse des promesses électorales au purgatoire de l’exercice du pouvoir. Nous y revoilà pleinement.

Le PS traverse en effet de nouveau une crise existentielle dont les répliques passent par le Parlement et se font sentir jusqu’au cœur du gouvernement