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Libération
Interview

«Combien sont-ils à filer dans le privé ?»

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Sandrine Bélier . Élue Europe ÉCologie-les verts au Parlement Européen :
publié le 25 octobre 2013 à 20h46

«La suppression des grandes écoles n’est pas le sujet. Il faut les réformer profondément, mais je ne mets pas dans le même sac l’ENA, Polytechnique ou les Ponts et chaussées d’un côté et HEC de l’autre. Les premières sont les écoles qui forment les hauts fonctionnaires pour les grands corps de l’Etat. L’ENA a ainsi été créée par Maurice Thorez dans l’esprit du Conseil national de la Résistance : on ne parlait pas d’élite sous la royauté, et cette notion doit rester républicaine. Au départ, le but de l’ENA était de former une élite de citoyens s’engageant au service de l’intérêt général. Ce qui n’a jamais été l’ambition de HEC.

«Si on considère toutes ces écoles en bloc, c’est à cause de la porosité croissante entre privé et public. Combien sont-ils à avoir été formés dans une logique de service public - et avec l’argent public - puis à filer dans le privé ? C’est un miroir de la déliquescence de la politique et de la place trop grande du pouvoir économique. Il y a urgence à redonner du sens à la notion d’intérêt général et même d’intérêt général européen.

«Il faut profondément changer les voies d’accès et les programmes des grandes écoles. L’accès via des prépas très difficiles, dans lesquelles les élèves sont jeunes et n’ont pas assez d’expérience, ce n’est pas une bonne chose. Pas étonnant que ces formations soient des fabriques à stéréotypes. A l’ENA, 70% des élèves sont issus des classes moyennes supérieures : c’est devenu un organe de reproduction sociale alors que sa voc