Un post de blog tous les trois jours, un think tank en projet, une petite phrase de temps en temps, tout ça expédié depuis sa mairie de Bordeaux et, hop, la cote d'Alain Juppé monte. A 68 ans, l'ex-Premier ministre le plus détesté des Français (1995-1997) est devenu cet automne leur «personnalité politique préférée», leur valeur refuge. Dans la roue de Manuel Valls, et très loin devant François Fillon ou Jean-François Copé. Du coup, campé dans ses terres bordelaises depuis la chute de Sarkozy, il reprend des couleurs, et son téléphone sonne plus souvent. «En France, on a un tel amour des politiques qu'on les aime quand ils sont loin, ou vieux», s'amuse son jeune challengeur à la mairie de Bordeaux, Vincent Feltesse (PS) : «Juppé est sur une ligne de crête. Mais sa position n'est tenable que parce qu'il n'est pas dans l'arène, à l'abri de la bourrasque.»
«Sans Bordeaux, il n’est rien»
Assis à contre-jour devant la fenêtre de son bureau, ombre chinoise pour ses visiteurs, Alain Juppé décline sèchement le titre de «sage de la nation» que lui ont collé ses amis et quelques journalistes : «Je ne veux pas me laisser enfermer là-dedans.» Il égrène cependant son expérience nationale et internationale, ses craintes : «Le combat UDF-RPR revient, c'est un retour en arrière de vingt ans» ; «le problème général, dans les partis, est le manque de travail». Et détaille ses qualités : «Je suis un des seuls grands responsables qui ne soit pas cumulard. Je l'ai été et je ne l