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Libération
Interview

«La défiance envers le peuple est mortifère»

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Malek Boutih. député PS de l’Essonne, ex-SOS racisme :
publié le 25 octobre 2013 à 20h46

«Les diplômés des grandes écoles ont une influence croissante. Le plus gênant, ce n’est pas l’entre-soi qu’ils cultivent, mais la culture qu’ils ont infusée dans la politique. En particulier à gauche. Avant, quand la gauche recrutait des gens des grandes écoles, c’était des "prises de guerre" sur le modèle dominant et ils se mettaient au service d’un contre-système. Aujourd’hui, on a l’impression qu’ils ont diffusé dans la gauche une culture très conservatrice avec, comme uniques référents, l’économie et la politique monétaire ou internationale. Dès lors, tout est vu au prisme de la raison des grandes écoles.

«Le plus mortifère est la défiance à l’égard du peuple, cette idée que les gens d’en bas ne savent pas ce qu’il faut faire. Et qu’il n’y a rien de plus dangereux que de répondre aux revendications des manifestations ou aux desiderata de la jeunesse. Etre parlementaire aujourd’hui, c’est souvent se faire mépriser par les conseillers ministériels, qui considèrent que nous sommes tenus par nos électeurs ! Je note que ce sont rarement les majors de promotion que l’Etat recrute, sans parler de ceux qui font des allers-retours entre les secteurs public et privé dans un mélange des genres embarrassant.

«On aura toujours besoin de grosses têtes, ce n’est pas le problème. Le renouvellement passe par le recrutement de personnes issues des secteurs en mouvement - militants ou culturels -, avec des profils pas forcément surqualifiés mais qui peuvent avoir une riche expérience de la v