Dans une grande pièce de la ferme Bel-Air, près de Castelnaudary (Aude), de drôles d'élèves suivent sagement les préceptes de leur professeur en treillis. «Je te donne MON béret. Répétez !» L'assistance reprend la même phrase, chacun avec son accent. «Je te donne MON béret !» Ces élèves sont des nouvelles recrues de la Légion étrangère, venues de tous les horizons et en formation accélérée sous la houlette de sous-officiers français. D'ici quelques semaines, ils devront avoir assimilé le vocabulaire de base leur permettant de répondre aux ordres et de communiquer avec leurs camarades. En déplacement vendredi, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a confié que son souvenir le plus intense depuis sa prise de fonction, il y a un an et demi, restait le moment qu'il a passé dans l'Adrar des Ifoghas (nord du Mali), en mars, aux côtés des légionnaires tout juste victorieux d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi).
Doléances. Mais ce fidèle du chef de l'Etat n'était pas venu rendre une simple visite de courtoisie à la Légion étrangère. Depuis plusieurs semaines, le ministre multiplie les rencontres avec les «forces». Autant pour sonder les cœurs et les reins que pour rassurer la troupe, alors que la Loi de programmation militaire (LPM) couvrant les années 2014-2019 est en cours d'examen à l'Assemblée nationale. Celle-ci prévoit la suppression de 23 500 postes, qui s'ajouteront aux 54 000 rayés d'un trait de plume dans le