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Analyse

Bretagne, un bastion socialiste vacille

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Sentiment d’abandon et exaspération fiscale rendent crédible l’hypothèse d’une percée FN dans une région ancrée à gauche.
publié le 27 octobre 2013 à 21h36
(mis à jour le 28 octobre 2013 à 10h50)

Quand la Bretagne gronde, c’est toute la hollandie qui s’inquiète. Il faut dire que dans les quatre départements bretons, François Hollande a recueilli 56,35% des voix lors de la dernière présidentielle - contre 52,62% pour Ségolène Royal en 2007. Sur fond de crise du modèle agroalimentaire local - qui se cristallise autour de la fermeture de l’abattoir Gad à Lampaul-Guimiliau (Finistère) - et de fronde contre l’écotaxe poids lourds, cette terre socialiste depuis trente ans est devenue le point (très) chaud du moment. Un brasero attisé par le brouillard gouvernemental, mais aussi par le jusqu’au-boutisme de la FNSEA, de l’UMP et du FN.

L'avertissement est sévère pour un pouvoir à l'impopularité historique, qui peine de plus en plus à susciter l'adhésion de ceux qui l'ont porté au pouvoir. Selon un sondage Ifop publié hier par le journal Ouest-France, 74% des Bretons rejettent l'écotaxe et 67% sont pessimistes sur l'avenir de leur région. Le taux de chômage (9,4%) y reste pourtant inférieur à la moyenne française (10,5%), et 24% de ses emplois sont industriels, soit le double de la moyenne nationale.

Gagnante. Mais si le cas Gad ébranle tant, c'est aussi parce qu'il acte la disparition de 889 emplois dans une commune de 2 024 habitants. «Les gens voient fermer des usines qui emploient à 20 kilomètres à la ronde. […] Ils ont le sentiment qu'il n'y a pas d'issue», confiait la semaine dernière au Journal du dimanche