Menu
Libération
Interview

«La tueuse, la maman à poigne... les candidates sont caricaturées»

Article réservé aux abonnés
Alors que trois têtes d’affiche féminines convoitent Paris, Frédérique Matonti, politologue, rappelle que les stéréotypes décrédibilisent les femmes politiques.
publié le 30 octobre 2013 à 20h46
(mis à jour le 3 novembre 2013 à 14h20)

Frédérique Matonti est professeure de sciences politiques à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne, spécialiste des études de genre en politique. A l'occasion de la campagne municipale à Paris, qui oppose la PS Anne Hidalgo (lire aussi page 23), l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet et la Modem Marielle de Sarnez, elle souligne que la façon de faire de la politique des femmes n'est guère différente de celle des hommes.

La campagne municipale à Paris est-elle différente des précédentes ?

Si l’on s’en tient aux programmes et à la façon dont les trois candidates s’affrontent, cela ne change pas grand-chose. Ces femmes de haut niveau combattent pour gagner, et le font en professionnelles de la politique. Elles parlent logement, sécurité, propreté, comme le ferait n’importe quel candidat à une élection municipale. Ce qui est différent, comme toujours, c’est la représentation qui est faite d’elles par leurs confrères et les médias. On les enferme dans des stéréotypes : Nathalie Kosciusko-Morizet est une «tueuse blonde», Anne Hidalgo une «maman à poigne».

Martine Aubry et Ségolène Royal aussi ont été caricaturées, du temps où elles s’affrontaient. On les appelait par leur prénom, ce qui n’arrive jamais à un homme, «Martine» était «la méchante autoritaire», la Thatcher du Parti socialiste. Tandis que «Ségolène» était campée en Madone ou en Marianne. Les hommes sont beaucoup moins caricaturés sur leur genre : à quel candidat pourrait-on reprocher son autorité, ou son amour de la République ? Lequel s’est vu reprocher sa coupe de cheveux, comme NKM s