Frédérique Matonti est professeure de sciences politiques à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne, spécialiste des études de genre en politique. A l'occasion de la campagne municipale à Paris, qui oppose la PS Anne Hidalgo (lire aussi page 23), l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet et la Modem Marielle de Sarnez, elle souligne que la façon de faire de la politique des femmes n'est guère différente de celle des hommes.
La campagne municipale à Paris est-elle différente des précédentes ?
Si l’on s’en tient aux programmes et à la façon dont les trois candidates s’affrontent, cela ne change pas grand-chose. Ces femmes de haut niveau combattent pour gagner, et le font en professionnelles de la politique. Elles parlent logement, sécurité, propreté, comme le ferait n’importe quel candidat à une élection municipale. Ce qui est différent, comme toujours, c’est la représentation qui est faite d’elles par leurs confrères et les médias. On les enferme dans des stéréotypes : Nathalie Kosciusko-Morizet est une «tueuse blonde», Anne Hidalgo une «maman à poigne».
Martine Aubry et Ségolène Royal aussi ont été caricaturées, du temps où elles s’affrontaient. On les appelait par leur prénom, ce qui n’arrive jamais à un homme, «Martine» était «la méchante autoritaire», la Thatcher du Parti socialiste. Tandis que «Ségolène» était campée en Madone ou en Marianne. Les hommes sont beaucoup moins caricaturés sur leur genre : à quel candidat pourrait-on reprocher son autorité, ou son amour de la République ? Lequel s’est vu reprocher sa coupe de cheveux, comme NKM s