J'arrive de Vienne. Je suis heureux de revenir en France, mais surtout d'être de passage, de ne plus être l'étranger étudiant d'il y a quelques années. Je passe trois jours à Toulouse pour assister à une rencontre littéraire. Tous les soirs, avant d'aller à la rencontre ou de dîner avec des collègues, j'en profite pour regarder à l'hôtel la première partie du Grand Journal, et tous les soirs, je suis scandalisé par les insultes xénophobes prononcées contre la ministre de la Justice, Christiane Taubira, mais encore plus par la répétition de ces insultes à la télévision, soi-disant pour rendre compte de l'incident.
Je n'attends rien d'enfants xénophobes racistes et nationalistes, encore moins de leurs parents xénophobes racistes et nationalistes, mais j'attends des journalistes une conscience, et je la vois s'effondrer en live devant moi, non seulement dans le Grand Journal, mais partout en fait, dans tous les médias, je vois partout les insultes xénophobes répétées, recopiées, réécrites, c'est à prendre et impossible à laisser, ça tourne en boucle et ça me donne le tournis, ça me casse les oreilles d'entendre ces insultes dans le taxi, à la télévision, dans la supérette. Comme s'il n'y avait aucune incidence à les prononcer, comme si aucun démon n'était convoqué, comme si tel mot, dans l'inconscient collectif, n'ira pas de pair avec telles personnes. C'est insupportable d'en être arrivé là.
A Roissy, en attendant mon avion pour rentrer à Vienne, j'ouvre le