Ses détracteurs comme ses admirateurs ne sont pas déçus. Dans l'Identité malheureuse, le philosophe Alain Finkielkraut ressasse les obsessions et angoisses qui lui valent d'être lui-même sujet de discorde : une France menacée par le multiculturalisme, la défense de la civilisation européenne et de la méritocratie républicaine, les ratés de l'intégration.
Entre l'élection remportée par le Front national à Brignoles dans le Var et l'affaire Léonarda, ce discours du déclin tombe à point nommé - son livre se vend très bien. Ceux qui lui reprochent de citer Renaud Camus ou Maurice Barrès voient en lui un allié de Marine Le Pen. Avec le sens du tragique qu'on lui connaît, Alain Finkielkraut conteste ce procès intenté. Au contraire, dit-il, il ne faut pas laisser au FN le monopole d'un certain nombre de valeurs, dont celle de l'identité. Avec ce livre paru il y a un mois, il dit vouloir tracer son propre chemin entre le «politiquement correct», qui confinerait au déni du réel, et le «politique abject» incarné par le Front national.
Dès le titre de votre livre, vous brandissez le mot qui fait polémique : identité. Pourquoi ?
Ce mot, j'en ai découvert la richesse sémantique et la charge émotive il y a longtemps déjà, dans l'article de Milan Kundera «Un Occident kidnappé ou la tragédie de l'Europe centrale». Celui-ci s'ouvre sur l'appel désespéré du directeur de l'agence de presse hongroise, le jour de l'entrée des chars soviétiques dans Budapest : «Nous mourrons pour la Hongrie et pour l'Europe.» Pourquoi la Hongrie et l'Europe, et non la dém