Avant le match
Du kiosque à journaux jusqu'au zinc du bistro d'en face, la même schizophrénie à base d'amour-haine recuits dans des draps tricolores entre mercenaires millionnaires mal élevés à ce qui n'est pas leur sport, et citoyens supporters frustrés de partout… Où il se vérifie qu'il y a longtemps que le football, avec ces enjeux-là, n'est plus un jeu. Bien sûr, c'est comme d'habitude et, comme toujours, semblables appels à «nous faire rêver» sur fond de patrie en danger, de mouillage de maillot et de «se sortir les doigts» (sic), sinon de «mourir sur le terrain» ; ce sont, en boucle, similaires considérations stratégiques et tactiques incitant à tout à la fois attaquer et défendre, dans l'éternelle quadrature du cercle vicieux où «ne pas confondre vitesse et précipitation» va avec tout ; et, de jour en jour, puis d'heure en heure, l'occultation d'à peu près tout le reste (hormis un médiatique meurtrier qui rôde dans la ville) au profit de ça : ce soir, tout à l'heure, coup d'envoi 21 heures, un match de football. Avec, cette année et pour cette échéance-là, en guise d'emballage bavard, un original et abscons mélange de fiscalité, de morale et d'identité. Autant dire de politique. Parce que l'équipe de France, c'est la France, Môssieur ! Parce que toute sanction, en milliasses d'euros ou en points de sondage, est indexée à la performance. Parce que Didier Deschamps le sélectionneur et François Holl