Si le cinéma ne nous parlait pas d’amour, que deviendrions-nous ? Car qui est capable, aujourd’hui, de dire au public quelque chose d’intelligent à ce propos ?
Les politiques, les féministes, les psychologues, les philosophes, les sociologues, les journalistes, les juges nous aident-ils à trouver des repères pour avoir des vies amoureuses plus belles ou moins ingrates ? Bien au contraire, ces gendarmes des mœurs sont à tel point obsédés par l'assujettissement de la puissance de l'amour à leurs projets de société qu'ils préfèrent voir les individus rester dans l'ignorance, dans la servitude et dans la douleur. Voilà les sentiments que font naître en nous la Vénus à la fourrure, de Roman Polanski, et Gravity, d'Alfonso Cuarón, deux films que l'on devrait aller voir dans cet ordre, le même jour.
Le premier réfute une idée prétendument révolutionnaire et émancipatrice devenue une espèce de dogme indiscutable : celle de la nature politique des rapports amoureux. Il montre que si le pouvoir fonde et structure les relations entre les hommes et les femmes - car l’amour et le désir l’engendrent naturellement -, il s’agit d’un pouvoir qui n’est pas et ne pourra jamais devenir politique.
Le réalisateur de Rosemary's Baby situe son intrigue dans un théâtre fermé au public, où un metteur en scène et une actrice vont se lier petit à petit et à leur insu par un contrat sadomasochiste. Si leurs rapports finissent par devenir fascinants, même pour ceux qui ne sont pas