Hier, l’Assemblée nationale a entamé l’examen de la Loi de programmation militaire (LPM) qui fixe les orientations de la France en matière de défense pour la période 2014-2019. Ce texte, qui s’inscrit dans la continuité de l’exercice précédent, confirme notamment le maintien d’une force de dissuasion nucléaire qui coûtera à l’Etat 23,3 milliards d’euros d’ici à 2019. Or, cette décision majeure n’a fait l’objet d’aucun véritable débat démocratique.
Les dispositions contenues dans la LPM sont-elles le fruit d'un consensus ? Résultent-elles d'une consultation équilibrée, menée dans le cadre du nouveau Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale ? A l'évidence, non. La composition du collège d'experts désignés sur décret présidentiel pour repenser notre stratégie de défense - dans l'immense majorité, des partisans du statu quo - n'a en effet pas permis que soit menée une véritable discussion sur la question de la bombe atomique. Les participants ont disposé d'autant moins de latitude que le chef de l'Etat avait, avant même l'ouverture des travaux, «confirmé le maintien de la stratégie de dissuasion nucléaire». Les jeux étaient déjà faits.
Cette confiscation démocratique repose sur trois arguments. Le cercle des décideurs veut nous faire croire que, dans son interprétation littérale, l'article 15 de la Constitution - qui dispose que «le Président est le chef des armées» - rendrait impossible toute mise en cause de la gestion personnalisée de la politique d