Il était 12 h 30 hier matin, au ministère du Travail. Michel Sapin est assis à la table de réunion de son bureau, rue de Grenelle. Il relit à haute voix le projet de communiqué de presse que vient de lui faire passer son directeur de cabinet et qui sera envoyé à toutes les rédactions en milieu d'après-midi. «Après un ralentissement progressif depuis plusieurs mois, le chômage a reculé en octobre : -20 500 demandeurs d'emploi inscrits à Pôle Emploi, soit -0,6%.» Sapin marque un temps, puis relève la tête : «L'inversion de la courbe du chômage, c'est aujourd'hui», lâche-t-il avec un sourire qui a du mal à cacher une vraie satisfaction.
En septembre, Sapin avait prédit à ses proches que la courbe du chômage s'inverserait pour la première fois en octobre. C'est fait. Enfin partiellement fait, car uniquement pour les chômeurs de catégorie A, c'est-à-dire ceux qui sont sans emploi (lire page 6). En revanche, si on prend en compte les catégories B et C (qui ont un emploi partiel ou temporaire), le chômage est toujours à la hausse avec, au total, 39 600 nouveaux demandeurs d'emploi, soit +0,8% par rapport au mois précédent.
Sapin reprend la lecture de son communiqué : «L'inversion de la courbe du chômage des jeunes amorcée il y a six mois est déjà effective et s'inscrit désormais dans la durée.» Son portable sonne. C'est François Hollande. C'est la deuxième fois en dix minutes. Il se lève, ouvre la porte de son bureau et sort dehors, dans le jardin.