Autour de la table en verre protégée d'un plastique transparent, ils forment un assemblage de bric et de broc. Ils boivent de l'eau minérale et grignotent des Fingers. Dehors, il neige. Ils sont allés tracter contre la hausse de la fiscalité dans les rues de Thaon-les-Vosges et se réchauffent à présent, chez l'un d'eux. Ils ne se ressemblent pas. Mais se sentent soudés par leur foi en Marine Le Pen. Jordan Grosse-Cruciani est le chef de leur petit groupe, discret, en costume et chaussures fines, petites lunettes. Diplômé en histoire et en sciences politiques, il a 23 ans. Il y a aussi un chômeur, casquette vissée sur la tête et gros blouson, qui marmonne qu'il y a «trop d'injustice en France» ; un artisan quinquagénaire poli et bavard, ancien du Parti républicain de François Léotard, rompu au discours politique ; un autre cinquantenaire issu d'une des plus vieilles familles de la ville - des maraîchers -, qui pense qu'«il n'y a plus de patriotisme en France» et se retient pour ne pas déraper sur les étrangers. A leurs côtés, un sexagénaire, ancien CRS, qui fut maire d'un petit village voisin de 500 habitants où il se félicite d'avoir fait «onze adhésions», et une jeune fille de 20 ans, étudiante en troisième année de droit, séduite par «la protection aux frontières face à la mondialisation».
La composition de cette petite assemblée de militants Front national - dont la moitié sont des adhérents récents - montre à quel point ce parti est dev