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portrait

Nadia et Thierry Portheault, revenus du Front

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En 2011, ce couple d’antiracistes convaincus a cru en Marine Le Pen jusqu’à entrer en politique. Avant de le regretter.
publié le 5 décembre 2013 à 17h06
(mis à jour le 6 décembre 2013 à 0h07)

Mandela est le «modèle politique» du chauffeur routier gaulliste Thierry Portheault. Nadia Djelida, épouse Portheault, mère au foyer de deux tout petits enfants, fille d'une communiste et d'un immigré algérien, a manifesté contre Jean-Marie Le Pen en 2002. Lui sourit, la bonne humeur chevillée au cœur : «Oui, j'ai adhéré au FN, dit-il. Tout le monde a le droit de se tromper.» Et elle l'a suivi, jusqu'à être investie tête de liste frontiste pour les prochaines municipales à Saint-Alban, dans la périphérie de Toulouse. «Mêmedit-elle si je me suis demandé parfois quelle connerie j'étais en train de faire.» Elle ne sourit pas du tout : «Ça m'énerve de m'être trompée comme ça.»

Marine Le Pen n'était pas la réincarnation féminine blanche de celui qui a eu raison de l'apartheid. «C'est pourtant ce que j'avais cru quand je l'ai entendue promettre de rassembler "tous" les Français. C'est-à-dire les comme moi, antiracistes et amis de l'Afrique. Les comme ma femme, métisse. Et ceux de toutes les couleurs qui font une nation», énumèrePortheault, en une grande poésie épique des peuples du monde. Nadia est peut-être moins sensible à la légende heureuse du «patriotisme multicolore» telle que se la raconte son époux. Un mari qui travaille «260 heures par mois sur les routes», la laisse «seule avec un bébé dans une maison à la campagne qu'il faut vendre» et son emploi de commerciale perdu : autant de grosses et petites pe