Marine Le Pen peut se frotter les mains : les partis de gouvernement font tout pour lui simplifier la tâche. L’UMP maraude aux confins de ses terres dès qu’il s’agit de questions de société, évidement au seul bénéfice du Front national. Gouvernement et socialistes font bien pire : depuis des mois, avec une inventivité et une fertilité croissantes, ils accumulent les bourdes, les maladresses, les provocations irréfléchies, les initiatives calamiteuses, les formulations désastreuses comme s’ils avaient juré de porter l’extrême droite à la première place lors des élections européennes qui, de leur fait, risque de constituer la plus grande catastrophe démocratique depuis l’élection présidentielle de 2002. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault est en train de mettre au point une recette spectaculaire : comment perdre des élections sans vraiment se fatiguer.
Le dernier avatar de cette méthode sacrificielle vient d’ailleurs tout droit de l’hôtel Matignon : en mettant en ligne il y a un mois sur le site officiel des services du Premier ministre les rapports d’étape de cinq groupes de travail chargés de réfléchir à la politique d’intégration, le gouvernement a commis une bévue ubuesque. Il a fallu quatre semaines pour que l’opposition en prenne conscience et s’en délecte tardivement mais le mal est fait. Les groupes de travail, d’ailleurs très bizarrement constitués, multiplient en effet des réflexions et des suggestions qu’on jurerait soigneusement sélectionnées pour choquer et indign