Menu
Libération
TRIBUNE

Oui, la France a choisi un modèle social ambitieux et solidaire

Article réservé aux abonnés
par Marylise Lebranchu, Ministre de la Réforme de l’Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique
publié le 18 décembre 2013 à 17h16

A lire les éditorialistes et à entendre les responsables de l’opposition, la France serait mauvaise élève en matière de gestion des dépenses publiques. Dépensière, prompte à la gabegie, elle serait incapable de gérer les deniers publics dans l’intérêt de ses citoyens. Il serait donc urgent de réduire, couper, trancher dans cette masse de dépenses publiques inutiles, justes bonnes à peser sur la trajectoire budgétaire et à faire perdre de précieux «A» à la note délivrée à la France par les agences de notation. Le problème, c’est que cette source qui ferait jaillir les économies par milliards est largement fantasmée. On nous parle d’une dépense publique faramineuse représentant 56% du PIB, presque un record, seulement battu par le Danemark, pourtant pas considéré comme un pays spécialement laxiste. Mais utiliser ce chiffre de 56% n’a aucun sens dans la comparaison internationale ! D’abord, parce que tous les pays ne comptabilisent pas les mêmes dépenses dans cette catégorie. L’exemple le plus flagrant est celui des Etats-Unis où, si l’on réintégrait dans le calcul les dépenses de santé - qui ne sont pas «obligatoires» mais qui sont quand même dépensées par les ménages lorsqu’elles ne sont pas prises en charge par le secteur public -, le taux de prélèvements obligatoires augmenterait de dix points.

Ensuite, parce qu’en France, près de la moitié des dépenses publiques revient directement aux citoyens sous forme d’allocations familiales, d’aides au logement, de pensions de retrait