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Libération

Guéant Connection

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publié le 20 décembre 2013 à 17h06

Comment Claude Guéant en est-il arrivé là ? Comment cet ancien préfet, ce serviteur zélé de l’Etat ayant occupé au sein de la police nationale les plus hautes fonctions, a pu se retrouver en garde à vue mardi ?

Comment cet homme modeste, fils d'employé, a-t-il pu verser sur ses comptes autant d'argent public, des centaines de milliers d'euros, au point que Roselyne Bachelot le traite de «voleur» et de «menteur».

On pourrait facilement imaginer une suite au célèbre les Ripoux de Claude Zidi. Un film où le héros ne serait plus un simple inspecteur de police affrété au commissariat du XVIIIe, mais le ministre de l'Intérieur en personne !

Nanterre, 17 décembre, 8 heures du matin. Long travelling sur les locaux de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières. La lumière est blême, triste, aussi sinistre que le personnage assis entre deux policiers. Voûté, coiffé de petites lunettes dorées, engoncé dans un vieux pardessus gris, on reconnaît Guéant. Bien sûr, l'homme a droit à des égards, on lui apporte du thé, certains policiers le saluent, lui réclament une photo. On est loin d'une garde à vue traditionnelle avec son tutoiement, son cortège de brutalités, sa fouille corporelle et son toucher rectal, totalement illégal mais parfois pratiqué. L'anus de celui qu'on surnomme «le Cardinal» est sacré. Guéant touille son thé avec un calme olympien. Il sait qu'il n'a rien à craindre… Chirac, Pasqua, Balladur… aucun de se