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Interview

Badinter : «Je sais tout ce que la France doit à l’Europe»

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Père de l’abolition de la peine de mort, l’ancien garde des Sceaux reste plus que jamais vigilant sur le grand combat de sa vie : les droits fondamentaux des individus.
Le ministre de la Justice Robert Badinter intervient à la tribune de l'Assemblée nationale, le 17 septembre 1981 à Paris, pour défendre son projet de loi sur l'abolition de la peine de mort. (Photo AFP)
publié le 27 décembre 2013 à 21h26

La République est-elle en danger ? C'est le sentiment d'un collectif spontané de républicains (des organisations de jeunesse de gauche, du centre et du gaullisme social) qui, début décembre à Paris, a tenté de mobiliser les Français dans une Marche des républicains contre le racisme, le sexisme, l'antisémitisme, l'homophobie, bref les discriminations en général. A l'origine de cette initiative, Loreleï Mirot, 23 ans, étudiante à Sciences-Po. Elle explique. «Tout a commencé le 11 novembre lorsque Hollande s'est fait huer lors des commémorations de la Grande Guerre. Peu de temps avant, Christiane Taubira s'était fait injurier, Jean-François Copé avait fait les frais d'insultes antisémites, des propos homophobes avaient fusé au cours du débat sur le mariage pour tous.» La manifestation a peiné à rassembler les foules. Mais l'opinion n'en demeure pas moins ébranlée par un climat affligeant. Comme si, soudain, la coupe était pleine. Et les valeurs républicaines tellement mises à l'épreuve qu'elles mériteraient une réaction massive des Français. Ex-garde des Sceaux, Robert Badinter, 85 ans, veut garder la tête froide et refuse de voir là les «symptômes du mal généralisé». Il sait ce que le droit signifie, il connaît le sens des lois. Il sait aussi ce que l'on peut ressentir face à un tel tourbillon d'invectives, parfois de haine.

Christiane Taubira a été traitée de «singe» en une de Minute. Vous avez, vous-même, connu des attaques violentes lors de votre mandat au ministère de la Justice, de 1981 à 1986. Il arrivait que l’on s’en prenne à votre judaïté…

Bien sûr, avoir comme garde des Sceaux un juif, fils d’immigrés russes naturalisés, était odieux aux nostalgiques de Vichy et aux antisé