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Interview

Affaire de la quenelle de Dieudonné : «La France risque d’être condamnée» Maître Eolas. Avocat blogueur

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L'affaire Dieudonnédossier
publié le 29 décembre 2013 à 21h16

«Il existe deux aspects à ce sujet : l’opportunité d’interdire, et ses chances légales d’aboutir. Une interdiction a priori s’appelle de la censure. Or, la liberté d’expression n’a de sens que si elle s’applique aux idées qui dérangent ou qui sont erronées. C’est parce qu’elles peuvent être exprimées qu’on peut les discuter, en démontrer la fausseté. Avant ses polémiques, Robert Faurisson n’était connu que d’une poignée de spécialistes. Eh bien maintenant, tout le monde sait qui il est et les idées qu’il véhicule. L’interdiction n’apporte rien, personne n’est obligé d’écouter les cons, surtout à 38 euros la place de spectacle.

«Sur les chances de succès, cela fait longtemps que les juges ont mis la liberté d’expression hors de portée du pouvoir exécutif. L’arrêt fondateur est l’arrêt Benjamin qui date de 1933 : le ministre de l’Intérieur avait voulu interdire les conférences de ce Benjamin, car il y comparait Courteline et Céline, et cela provoquait des émeutes. Les juges ont cassé cette interdiction au motif qu’elle était générale et absolue, disproportionnée, et qu’au lieu de censurer, le ministre pouvait, par exemple, déployer des forces de police aux abords de ses conférences. Monsieur Valls devrait plutôt demander que le fisc recouvre les amendes infligées à Dieudonné, plutôt que de risquer une nouvelle condamnation de la France par l’Europe pour violation de la liberté d’expression - sur la période 1958-2012, nous sommes le troisième pays le plus condamné, après la Turq